Il est certain que la Route des Terre-Neuvas permettra de voyager dans le temps. Cette course rend hommage aux marins de l’extrême d’antan, qui pêchaient la morue sur les Grands Bancs de Terre-Neuve, au large du Canada, tout en offrant une compétition exigeante sur des multicoques modernes. À quelques jours du coup de canon, Matthieu Perraut, à bord d’Inter Invest, est impatient de découvrir Saint-Pierre et Miquelon, ce territoire français, influencé par le Gulf Stream et les courants du Labrador. « Je suis sûr que nous vivrons des moments uniques, souligne-t-il. Nous devrons certainement affronter au départ beaucoup de brouillard et de forts courants. Ce sont des zones extrêmement intéressantes pour la navigation. »
L’Atlantique Nord comme terrain de jeu
Dans un modèle idéal, la transatlantique se déroulera au portant, pour une chevauchée d’au moins 5 à 6 jours avant de rejoindre le port d’Armor, en baie de Saint-Brieuc. « Sportivement, je pense que la compétition va être à un haut niveau, poursuit Matthieu. En fonction des conditions météos, nous pourrions nous retrouver dans un toboggan à fond les ballons, avec des conditions de glisse assez incroyables. Si nous partons tout de suite vers le Sud, nous retrouverons un peu de chaleur, tandis que si nous conservons une route plus au Nord, ce qui est généralement le cas, nous partirons dans le froid. Cela me changera des transats habituelles pour rejoindre les Antilles, où la chaleur s’installe dans le cockpit après seulement quelques jours. J’aime plutôt le froid, je trouve qu’il est plus facile de s’en protéger. »
Une autre notion à laquelle Matthieu Perraut devra s’habituer durant cette course de vitesse est celle de l’équipage. En effet, le skipper d’Inter Invest comptera à son bord deux autres navigateurs, son complice Kevin Bloch et Antoine Carpentier, ainsi qu’un média man. « C’est la première fois que je fais une course au large en équipage. Jusqu’à présent, je ne connais que le solitaire et le double. Nous serons donc quatre à bord, il y aura une vraie idée de gestion d’équipe, ce que je trouve très instructif. Avec Kevin, nous travaillons ensemble depuis la création du projet. C’est une préparation de tous les instants, Antoine et moi avons beaucoup navigué l’un contre l’autre en Class40. C’est un super marin qui a notamment gagné trois fois la Transat Jacques Vabre, dont une en Ocean Fifty. Il a pas mal d’expérience dans ce support. »
Acquérir plus d’expérience pour viser la performance
Depuis le début de saison, Matthieu et le reste de l’équipe Inter Invest continuent d’acquérir un maximum d’expérience en Ocean Fifty, particulièrement dans les réglages du bateau, les manœuvres en équipage et la vitesse. « Nous avons tous gagné en aisance, appuie Matthieu Perraut. Nous nous sentons de plus en plus à l’aise sur ce support. Durant l’Act 2, nous avons passé une nuit en mer à tirer des bords assez rapides. Ce sont encore des choses que nous n’avions pas vraiment faites jusqu’à présent. Nous gagnons progressivement en confiance. » Pour les aider dans cette quête d’apprentissage, Jean-Baptiste Le Vaillant, redoutable compétiteur ayant longuement navigué avec Loïck Peyron, apportera sa solide expérience du multicoque lors du convoyage jusqu’à Saint-Pierre et Miquelon. « Ce sera l’occasion d’emmagasiner toujours plus de bons savoirs avant la course », confie Matthieu.
Pour cet Act 3, l’objectif commun d’Inter Invest et de Matthieu Perraut reste inchangé par rapport aux deux précédents. Le skipper de 34 ans souhaite progresser sur le bateau afin de monter en puissance pour pouvoir performer le plus rapidement possible. « Je pars avec de très bons marins qui ne sont pas là pour faire du tourisme, insiste-t-il. Antoine va vouloir jouer la perf’, c’est aussi pour cela que nous le voulions dans notre équipe. »
Ce long parcours, aux dangers multiples tels que le trafic maritime parfois dense, la présence de cétacés, et l’absence de routage à terre, nécessitera une vigilance de tous les instants. Car la saison n’est pas terminée?! Matthieu et ses adversaires sont attendus à la mi-septembre en Méditerranée pour la suite du Championnat Ocean Fifty Series.