Un parcours long et intense
La Transat Jacques Vabre demeure la plus longue des transatlantiques. Pour cette édition, 95 bateaux s’affronteront sur l’eau. Les quatre classes (Ultim, Ocean Fifty, Imoca et Class40) emprunteront des parcours différents. Les Class40 parcourront ainsi près de 1 000 milles de plus par rapport à la mythique Route du Rhum. Comme l’intégralité de la flotte, Matthieu et Kevin devront traverser la Manche sans encombre, une zone réputée pour son trafic dense, puis s’échapper du golfe de Gascogne et ses redoutées tempêtes automnales avant de mettre le cap au sud en direction du Cap Vert. Trois jours intenses, donc, avant de laisser l’île de Sal sur tribord et de faire route vers l’Ouest.
« Je m’attends à ce que le parcours soit dur et long, souligne Matthieu. J’ai un peu souffert de certaines longueurs lors de la dernière Transat Jacques Vabre à cause du manque de vent par endroits. Nous avons cette idée préconçue qu’en passant le Cap Vert, nous rentrons rapidement dans les Alizées dans un courant de vents assez forts, ce qui n’a pas vraiment été le cas la dernière fois. En course au large, il ne faut s’attendre à rien et à tout en même temps. »
Le duo bénéficie de l’expertise du météorologue, Christian Dumard, grâce au Centre de formation Orlabay à la Trinité-sur-Mer. Cet expert les aide à peaufiner les derniers routages - interdits pour les monocoques durant la course. « Christian nous analysera dans le détail les derniers fichiers météo, explique Kevin. Nous permettant ainsi de libérer un peu notre esprit quelques heures avant le départ. »
Sereins dans leur préparation
L’expérience emmagasinée par les deux marins depuis leurs premières navigations et leur entente parfaite constituent autant d’atouts pour espérer remporter cette Transat Jacques Vabre. « Ma première régate en course avec Matthieu remonte à l’année dernière, détaille Kevin. Nous avons beaucoup navigué ensemble depuis et nous avons surtout beaucoup appris ensemble. Nous sommes sereins dans notre préparation et la stratégie devrait s’affiner avec les routages d’aujourd’hui. »
Pour l’heure, les sentiments se bousculent dans la tête du skipper et de son co-skipper. Les jours de départ sont forcément remplis d’émotions pour les navigateurs et leurs proches. « Mes enfants sont encore très jeunes, confie Matthieu. C’est toujours un déchirement de les quitter, mais je sais aussi pourquoi je fais ça. J’ai décidé de partir et j’ai vraiment hâte. Cette fois, je pars avec un bateau qui peut gagner. C’est assez incroyable comme sensation. »
Remis à l’eau fin août après plusieurs mois de chantier, Inter Invest s’inscrit dans cette génération de bateaux à avoir révolutionné la Class40, capable d’atteindre des vitesses moyennes très intéressantes. « Nous abordons cette course avec l’intention de donner le meilleur de nous-mêmes grâce au support d’Inter Invest et à l’excellent travail de notre équipe à terre, se félicite Matthieu. Nous sommes conscients de la bagarre à venir, nous nous sentons de plus en plus à l’aise sur ce support que nous commençons à bien maîtriser. Nous n’avons pas la prétention de dire que nous allons gagner, mais nous visons la victoire. »
Un duo de choc
Les deux navigateurs ont démarré la course au large en même temps, après s’être rencontrés sur les pontons de la Mini Transat 2019. « Je suis content d’y aller cette année avec Kevin, car je suis sûr que tout se passera bien entre nous. Kevin est capable de me calmer en cas de coup dur et me rend aussi beaucoup plus fort. Nous n’avons pas de filtres l’un envers l’autre. Techniquement, il est très fort sans pour autant avoir d’idées préconçues. Il y a un véritable équilibre entre nous, et je pense que cela fait aussi partie de la réussite sur une Jacques Vabre.