Axel Cabrol
Co-deputy CIO de TOBAM
Quelle est la spécificité de votre processus d’investissement par rapport aux autres fonds actions monde / ESG ?
Tout d’abord, notre fonds est classé Article 9, garantissant qu’au moins 90% de nos investissements respectent strictement les normes ESG. Mais nous allons plus loin en intégrant une dimension « démocratie » dans notre processus. Nous sommes convaincus que soutenir la démocratie, les droits de l’Homme et le pluralisme correspond aux intérêts financiers et économiques à long terme de nos clients. Pour ce faire, nous excluons systématiquement les pays non-démocratiques et mesurons l’exposition indirecte de chaque titre aux risques autocratiques. Cette approche holistique et quantitative nous permet de bâtir un portefeuille résilient face aux aléas géopolitiques.
Les analystes financiers décrivent un monde divisé en deux blocs politiques et économiques : l’un mené par les États-Unis, le Japon et l’UE, soutenant l’OTAN et l’Ukraine, l’autre composé de la Chine, de la Russie et de l’Iran. Cette vision est-elle pertinente pour comprendre l’économie et les marchés ?
La division en deux blocs géopolitiques reflète une certaine réalité actuelle, avec principalement les États-Unis, le Japon et l’UE d’un côté, et la Chine, la Russie et l’Iran de l’autre. Bien que cette perspective permette de mieux appréhender les tendances géopolitiques, les investisseurs doivent aussi prendre en compte les interconnexions complexes entre les économies et les chaînes d’approvisionnement mondiales. Ces liens ajoutent une dimension supplémentaire de complexité, car un investisseur peut être exposé à un risque sans investir directement dans les pays concernés. Ainsi, les outils de gestion des risques indiquent que ce « risque autocratique » est principalement indirect. Des stratégies d’investissement allant au-delà d’une simple exclusion par blocs sont donc nécessaires pour une gestion efficace des risques.
Selon quels critères les valeurs du portefeuille sont-elles sélectionnées ?
Le portefeuille LBRTY a été construit afin d’offrir une exposition bien diversifiée aux marchés mondiaux, tout en réduisant autant que possible le risque lié à l’exposition autocratique. Les valeurs sélectionnées sont celles basées dans des pays démocratiques qui ont l’exposition indirecte la plus faible aux autocraties de l'univers d'investissement. Cet objectif de diversification, mise en œuvre sur un univers d’investissement global, permet non seulement un contrôle strict du risque du portefeuille, mais aussi d’exprimer fidèlement notre conviction quant au risque lié aux autocraties en s'assurant que cette valeur ajoutée ne soit perturbée pas un risque spécifique lié à certaines valeurs.
Les marchés semblent surévalués, comment réagirait ce portefeuille en cas de chocs ?
Notre stratégie LBRTY est conçue pour offrir une résilience face aux turbulences géopolitiques, et ce indépendamment des valorisations. De plus, notre thèse d’investissement repose sur l’idée que le risque associé aux pays autoritaires n’est pas rémunéré à long terme. Ainsi, en excluant systématiquement ces régimes et en mesurant l’exposition indirecte des titres à ce risque, nous atténuons l’impact d’un choc d’origine géopolitique et protégeons plus efficacement le portefeuille.