Edwin Faure
Directeur de la Gestion et Associé de Philippe Hottinguer Gestion
En quoi le processus d’investissement d’Abacus Credit Impact se distingue-t-il des autres fonds obligataires durables ?
Abacus Credit Impact est un fonds obligataire Investment Grade « Buy and Watch », classé Article 9 SFDR, investi dans des obligations durables alignées aux critères de l’ICMA. Sa gestion repose sur une approche ESG à double prisme : une analyse approfondie des émetteurs via un modèle propriétaire fondé sur plus de 130 KPIs, croisant évaluation des risques et détection d’opportunités auprès d’acteurs de Best-In-Class ; et une analyse au niveau de chaque obligation pour garantir son alignement avec les principes de marché. Le fonds combine des obligations « Use of Proceeds », fléchées vers des projets environnementaux ou sociaux, et des obligations « Sustainability-Linked (SLB) » intégrant des KPIs mesurables et des trajectoires associées, avec hausse de coupon en cas d’échec. Son impact se traduit par un minimum de 65% de green bonds et 15% de social bonds, marquant une vraie différence face aux fonds 100% green bonds.
Quels types de projets Abacus Credit Impact finance-t-il, et quels résultats mesurables sont observables en 2024 ?
Grâce aux green bonds, le fonds a soutenu la transition écologique en finançant 33,4% de projets d’énergies renouvelables, 22,8% de bâtiments verts et 16,9% de mobilité durable. Ces investissements ont évité 3 582 tonnes de CO2, soit plus de 4 000 vols Paris-New York ou 73 252 journées de ski. Côté social bonds, près de la moitié soutient l’économie et l’emploi local via une obligation EDF, un quart le développement des compétences, et le reste en infrastructures médicales. Plus de 12 000 bénéficiaires ont été accompagnés. Enfin, les SLB, basés sur des engagements d’entreprise, reposent à 92% sur des KPIs CO2. En 2024, 61,2% des trajectoires sont alignées avec les objectifs, contre 38,8% en retard. Le fonds affiche un impact global, équilibré entre climat, inclusion et durabilité.
Quels impacts les récents bouleversements macroéconomiques en Europe ont-ils sur votre stratégie d’investissement obligataire ?
Les événements de mars, avec l’annonce de plans massifs dans l’armement et les infrastructures ainsi que la volonté de l’Allemagne d’assouplir ses critères d’endettement, constituent un véritable ‘game changer’ pour les marchés obligataires européens. Le taux du Bund 10 ans a bondi de 30 bps le 5 mars, sa plus forte hausse quotidienne depuis la chute du mur de Berlin.
Nous avons tiré parti de cette tension sur les taux longs pour nous repositionner sur la partie longue de la courbe. L’endettement encore mesuré de l’Allemagne lui laisse une large marge de manœuvre, sans envolée des taux. Nous pensons que la BCE poursuivra la baisse des taux dans un contexte de croissance morose.
Ce contexte devrait entraîner une repentification de la courbe des taux en zone euro, un scénario favorable à nos obligations grâce à l’effet roll down. Les plans de relance annoncés devraient aussi soutenir les spreads des obligations privées face aux souveraines.